
Visite du quartier de Motoshiogama à Kyoto.
Suite à la recommandation d’un ami français qui vit à Kyoto, je suis invité à participer ce 17 octobre 2018 à une visite guidée du quartier Motoshiogama dans le sud de Kyoto. Cette excursion en kimono était organisée par la boutique de location de kimonos, Yumeyakata, situé sur Gojo.
Habillage en costumes.
Nous sommes accueillis à l’entrée de la boutique par la charmante, mais non moins professionnelle Samar Mansour. Nous laissons nos chaussures dans le genkan, comme le veut l’usage. Puis notre hôte nous invite à choisir nos tenues traditionnelles. Pour moi, ce sera un yukata marron aux motifs colorés. Nous passons à la salle d’habillage. Après nous être presque entièrement déshabillés, des employées nous aident à ajuster nos tenues. Il s’agit de mettre un sous-vêtement blanc, sur lequel nous passons un premier yukata. Une petite serviette est passée autour de la taille, pour maintenir les yukata, et/ou ne pas trop serrer. Puis le premier yukata est fixé par une petite cordelette. Enfin, le deuxième, celui que nous avons choisi recouvre le tout, avec un troisième nœud. Puis le tout est ajusté, retroussé. Nous laissons nos sacs occidentaux et choisissons de petits sacs de tissus pour mettre nos affaires personnelles. Je fais au plus juste : smartphone, papiers et appareil photo. Le tout rentre difficilement dans un sac que j’ai pris soin de choisir le plus grand possible. Nous passons des tabis noirs, ces petites chaussettes japonaises qui séparent le gros orteil.
Présentation du tour par notre guide Akane Kibune.
Puis nous patientons dans une petite pièce, le temps que les autres participants nous rejoignent. Les femmes ont revêtu de magnifiques kimonos qui leur vont à ravir. Je commence à faire connaissance avec les autres participants à cette excursion. D’autres Français, un Sri Lankais, un Birman, quelques Japonaises, dont une ancienne maiko, constituent ce groupe d’une dizaine de personnes. Notre guide japonaise Akane Kibune nous donne quelques clés de compréhension sur la construction de Kyoto. C’est en 794 que l’empereur Kammu cherche un endroit pour implanter la nouvelle capitale en le plaçant sous l’hospice des divinités protectrices. Le palais impérial et la ville elle-même sont construits sur un modèle en damier suivant le plan chinois. Notre guide nous donne ses explications en japonais, mais Samar nous traduit dans un anglais impeccable. Elle nous détaille ensuite le tour que nous allons faire dans la ville.
En kimono dans les rues de Kyoto.

Nous redescendons au premier étage et choisissons des zoris. Cela me fait bizarre de marcher en kimono dans les rues de Kyoto. Le bas du yukata est serré et je ne peux pas faire de grands pas. J’ai un peu l’impression de marcher comme une geisha. Nous traversons le gojo et nous engageons dans les petites ruelles du quartier.
Nous découvrons le premier temple du parcours, le Jotoku-ji, dédié à Jizo, le protecteur des enfants et des voyageurs. Jizô est très présent dans le quartier : dans les temples, comme ici, ou sous la forme de petits autels.
Nous apercevons la tour de Kyoto depuis la rue Tominokoji. Construite en 1964, elle a la forme d’un phare qui veille sur toute la partie sud de la ville. Ses 131 mètres de haut en font ainsi le plus haut bâtiment de la ville.
Nous passons devant un café qui sert de lieu de rencontre et de travail destiné à des artistes et des créateurs. Nous nous arrêtons devant un premier sanctuaire shinto, le Ichihime, dédié spécifiquement aux femmes. Celles-ci viennent pour faire un vœu quand elles souhaitent se marier, avoir un enfant, ou pour d’autres demandes spécifiques. Notre guide nous explique comment se purifier en se lavant les mains et la bouche à la petite fontaine. Puis elle nous présente un petit momument dans lequel de nombreuses mini-poupées en bois sont déposées en signe d’offrandes aux kamis.
La rencontre de Benkeï et de Yoshitsune sur le pont de Gojo.

Nous passons devant une devanture où se fabriquent de magnifiques boites à thé. Puis longeons les quais du canal Takasegawa, bordé de verdure et de plantes. Ce canal construit sous la période d’Edo permettait de transporter des marchandises. Il relie le centre de Kyoto à Fushimi. Puis nous rejoignons le pont Gojo Ohashi. Notre guide nous raconte l’histoire de Benkeï et de sa rencontre avec Yoshitsune. Benkeï était un moine guerrier qui vivait à l’ère Heian. Son existence est attestée, mais il fait maintenant partie du folklore japonais. Son personnage est souvent présent aussi bien dans le Nô que le Kabuki. Il est représenté comme un homme grand, près de deux mètres, rebelle, bagarreur, et violent.
Après avoir été chassé de plusieurs temples et mis le feu au temple Engyô-ji aux environs de Himeji, il se retrouve ainsi à Kyoto. Il décide de se porter sur le pont Gôjô où nous sommes actuellement. Et il fait le pari de battre les mille premiers samouraïs qui se présenteront à lui. Il bat sans problème les 999 premiers. Quand se présente le dernier en la personne de Yoshitsune. Ce dernier esquive avec légèreté tous les coups de son adversaire. Et c’est ainsi que Benkeï devint le disciple de Yoshitsune.
Ochaya et petits gâteaux.
Nous longeons l’autre rive du canal et nous arrêtons dans une toute petite boutique. Le propriétaire nous sert des petits gâteaux secs, les miakes Seika. Nous découvrons d’un seul regard son atelier où il fabrique lui-même ces gourmandises. Et nous dégustons quelques excellents spécimens.

C’est l’occasion également de prendre un thé dans un maison de thé. Nous passons justement devant une de ces ochayas. Elle se nomme Honke Sanyû (photo de l’article). Son toit en bois forme des courbes harmonieuses dans le style chinois. Les ochaya sont les endroits où les maïkos reçoivent leurs clients. Cette maison était encore en usage jusqu’à récemment. Petite précision, ces maïkos, ne sont pas des prostitués, mais se sont des femmes hautement versées dans tous les arts, notamment celui du koto. Elles sont censées divertir leurs hôtes, en tout bien tout honneur. D’autre part, il n’existe pas de Geisha à Kyoto, ce nom est réservé pour Tokyo.
Sento, Ryokan et galerie d’artiste Gojo mall.
Nous poursuivons par les charmantes petites ruelles de ce quartier de Kyoto et faisant un arrêt pour une séance photo. Nos pas nous mènent de nouveau sur les bords du canal devant un sentô. C’est un des très nombreux bains publics de Kyoto, puisqu’il en existe environ 120. Le sento est vraiment une tradition à Kyoto. Les habitants n’avaient pas toujours de salle de bain et venaient au sento tous les jours. Même si aujourd’hui tous sont équipés, la tradition est restée.
Une petite ruelle nous conduit jusqu’à l’ancienne maison de thé Yadoya Hiraiwa. Elle est aujourd’hui transformée en ryokan, c’est-à-dire en hébergement traditionnel.
Juste à côté se trouve une petite boutique qui est une galerie d’artiste. L’enseigne en forme de chat se décolle un peu et notre ami français la redresse.
Les quais de la rivière Kamo et le pont Shoumen.
Nous passons devant la boutique de crackers, Takara Arare. Ce sont des petits gâteaux d’apéritifs spécifiques Kyoto qui font particulièrement envie.
Nous rejoignons les quais de la rivière Kamo, d’où nous pouvons admirer une superbe vue sur les collines avoisinantes.
Puis nous regardons le paysage depuis le pont shoumen. Un temple et une statue était érigée dans la direction de la montagne. Et donc le pont lui faisait face, d’où son nom.
La maison fondatrice de Nintendo.

Nous découvrons un curieux bâtiment qui est le siège fondateur de la célèbre marque Nintendo. À l’origine, la maison Nintendo vendait des cartes à jouer, nommées les hanafudes. Comme c’était des cartes liées à des jeux d’argent, il était recommandé d’utiliser un nouveau jeu à chaque fois. De cette manière, aucune carte ne pouvait avoir de marque, ni de repère. Ce qui permit à la maison Nintendo de construire le début de sa renommée. Le bâtiment est construit en briques dans un style occidental, qui évoquait la richesse. Et surtout permettait probablement d’échapper aux nombreux incendies.
Le temple Renkou-ji marque la fin de la visite.
Pour terminer ce magnifique tour, nous passons devant le Renkou-ji, où est exposée une statue de Komadome Jizo, le protecteur des voyageurs et des enfants. Ce lieu est chargé d’histoire puisque s’y trouve également la tombe du samouraï Chôsakaba Morichika.
Nous passons devant un curieux café dont la devanture est toute blanche, sans absolument aucune enseigne ni inscription. Ce qui est assez surprenant, encore plus au Japon. Le rez-de-chaussée lui aussi minimaliste présente une machine à moudre le café sur un grand comptoir.

Cette visite dans le quartier Motoshiogama se termine. Elle fut riche en explication, enseignements, et découvertes de toutes sortes, presque trop. Il faudrait en fait faire un second tour en flânant pour profiter pleinement des différents cafés et autres lieux. Nous sommes de retour à la boutique de Yumeyakata, avec un peu de retard sur l’horaire prévu, puisqu’il est déjà 13 heures passées.
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