Trois lieux incontournables de Kyoto.
Après un dimanche plutôt tranquille marqué surtout par l’expérience de zazen au Daisen-in, je décide d’occuper mon lundi à faire la visite de trois lieux incontournables de Kyoto : le Pavillon d’argent, le chemin de la philosophie et le Kiyomizu-dera. C’est pour moi une bonne manière de reprendre contact avec la ville.
Lundi 8 octobre 2018
8h30 – Petit déjeuner des petits sandwichs avec de l’omelette à l’intérieur et dans d’autres du tonkatsu.
9h30 – Aujourd’hui, il n’y a pas de cours d’aïkido et je décide d’en profiter pour aller faire le tour du côté est de la ville. Je compte commencer par le Pavillon d’argent, suivre le chemin de la philosophie, et aller jusqu’au Kiyomizu-dera. Je rentrerai par le Heian jungu et il faudrait que je trouve un magasin d’accessoires d’arts martiaux pour m’acheter une seconde tenue d’aïkido.
J’enfourche mon vélo (enfin celui que Naoko-san me prête aimablement, mais c’est presque comme si c’était le mien) et je prends une grande avenue plantée d’arbres et de végétation nommée Shimei dori. Certains arbres sont couchés, traces probables des derniers typhons. Mis à part ces quelques indices, assez peu de dégâts visibles de ces deux derniers typhons Jebi et Trami qui ont dévasté le Japon ces dernières semaines.
Le jour de la santé et du sport.
10h00 – Je rejoins comme hier la rivière Kamo. Je redescends le long des petites allées qui longent la berge. Le décor est bucolique. Les herbes sont hautes, les chemins en terre battue et sable, la vue sur les montagnes qui semblent très proches, le mont Hiei juste en face, et le Daïmon-ji un peu plus bas. Le contraste est fort avec les rues adjacentes. Je croise de nombreux joggers et également pas mal de cyclistes. Il faut dire qu’aujourd’hui est un jour férié au Japon. Celui de la journée de la santé et du sport.
Les Japonais prennent très peu de vacances. Ils ne veulent pas abandonner leurs collègues dans la mouise (si, si, il paraît que ça existe), ni se retrouver avec trop de tâches à faire à leur retour de congés. Les Japonais disposent en moyenne de 18 à 20 jours de congé payés. Mais les salariés sont nombreux à ne pas prendre tous leurs jours de congé. Et la question de la fatigue, du burn-out est parfaitement préoccupant. Il existe même un mot pour désigner le fait de mourir par surcroît de travail : Karôshi 過労死. Au point que le gouvernement a dû rajouter un jour férié, celui de la montagne, au 15 déjà existants. Le Japon est un des pays ayant le plus de jours fériés. Car dans ce cas, tout le monde est en vacances et cela pose visiblement moins de problèmes.
Circuler en vélo et se repérer à Kyoto.
Je me repère par rapport au Daïmon-ji pour sortir des berges de la rivière Kamo, et me retrouve sur une grande voie où la circulation est relativement importante. Il est assez plaisant de circuler à vélo à Kyoto les jours de beau temps. Au point que les Kyotoïtes sont nombreux à utiliser ce mode de déplacement. Les grandes allées réservent une petite bande pour les cyclistes et les automobilistes font plutôt attention. Mais les cyclistes circulent également sur les trottoirs. Attention par contre à ne pas se garer n’importe où, car les policiers enlèvent les vélos mal garés et il vous en coûtera dans les 2 500 ¥. De même attention à ne pas franchir un feu rouge, même s’il n’y a personne en face, là c’est le tribunal ! Je ne sais pas pour les étrangers, mais c’est le cas pour les Japonais.
Comment arriver à se repérer à Kyoto ? Avec quelques repères, cela ne s’avère pas trop compliqué si l’on comprend comment est construit le plan de la ville. Kyoto est construit en damier selon le modèle chinois. Ainsi certaines grandes artères peuvent traverser toute la ville. Il n’existe pas de numéro pour se repérer, mais on utilise les croisements. Par exemple, la station de bus Horikawa-Imadegawa se trouve à l’intersection de la grande avenue nord-sud Horikawa et de la grande avenue est-ouest : imadegawa. C’est simple non ?
Pour ma part, j’utilise l’application MAPS.ME. Elle offre la possibilité de télécharger les plans hors connexion et de les conserver pour une utilisation future. Comme de nombreux touristes, je n’ai pas de carte sim, ni de téléphone, mais j’ai accès au Wifi de la famille, et je dois dire que cela me suffit. L’inconvénient est que les lieux marquants ne ressortent pas trop et que la plupart des lieux sont indiqués en japonais. Sur les panneaux routiers, les kanjis sont en général sous-titrés de leur équivalent phonétique en roman-ji, c’est-à-dire en signes romains. Ainsi, pour aller au Pavillon d’argent, il suffit de suivre les panneaux ! Encore faut-il savoir que le pavillon d’argent s’appelle le Ginkaku-ji (à ne pas confondre avec le Kinkaku-ji qui est le pavillon d’or, mais qui se situe radicalement à l’opposé).
Le Pavillon d’argent.
10h30 – Je sors des grandes artères et rejoins le début du chemin de la philosophie, qui longe le canal du lac Biwa.
J’arrive dans la petite ruelle qui monte vers l’entrée du temple, bordée de boutiques de toutes sortes à destination des touristes. On y trouve évidemment de tout : des tee-shirts, des éventails, des concombres macérés, des nama yatsuhashi (ces petits gâteaux japonais faits dans une pâte de mochi fourrée), du jus d’orange.
Il y a comme d’habitude beaucoup de monde à visiter le pavillon d’argent. Il fait beau et les touristes sont nombreux dans ce petit coin de Kyoto. Deux curieuses structures de sable lui tiennent compagnie dans son écrin de nature. La première en forme de cône tronqué est censée symboliser le mont Fuji. La deuxième est une sorte de mer de sable parcourue par les vagues dont on aurait figé le mouvement.
Les petites allées obligent les visiteurs à circuler et à contempler le pavillon sous un angle différent. Son implantation au milieu d’éléments naturels donne un côté toujours changeant. En fonction de l’heure de la journée, de la saison, l’ambiance n’est jamais la même. Cette harmonie avec ce qui l’entoure et cet équilibre des formes constitue le côté fascinant du lieu. Quelques pas permettent de monter suffisamment pour admirer le pavillon au milieu de la végétation avec la ville au arrière-plan. En effet, le jardin du pavillon est adossé à la colline du Daîmon-ji.
Je m’achète un goshuin , sorte de livret en accordéon sur lequel je fais apposer mon premier de tampon accompagné d’une calligraphie. Ce carnet accompagne le pèlerin dans ses pérégrinations et permet d’attester des différents lieux qu’il a visité.
Le chemin de la philosophie.
Je redescends par le chemin de la philosophie. Cette promenade borde un petit canal et invite à prendre son temps pour regarder les fleurs, les oiseaux, ou écouter un chanteur accompagné d’une sorte de guitare à 10 cordes. Je ne peux m’empêcher de penser aux deux dernières fois où j’ai eu l’occasion de descendre le long de ce chemin. Et l’instant présent se mêle bientôt aux souvenirs pour en constituer de nouveaux. Je ressens un grand sentiment de liberté. Il fait beau. L’air est pur. Le soleil brille et les oiseaux chantent.
Je passe devant le Eikandô, que j’ai également visité il y a deux ans. Les lieux sont forcément chargés d’histoire, et nous voulons rester et nous devrions rester sur des bonnes impressions quand nous visitons un lieu que nous avons aimé. Devrions-nous y retourner ? La qualité des lieux s’usent-elle quand on s’en sert trop ? Est-ce valable pour les temples de Kyoto ?
Visite du Kiyomizu-dera.
Puis je passe par la parc Harashiyama, mais je ne m’arrête pas. Je laisse mon vélo du côté de Gion, et monte par le ichinen-zaka au pas de course. Je rejoins le ninen-zaka puis le Sannen-zaka. La foule est nombreuse en ce jour de repos. J’arrive au pied du Kiyomizudera. La réfection de la pagode est maintenant terminée, mais c’est le bâtiment principal qui est entouré d’échafaudages. Je monte jusqu’au temple shintô avec les rochers pour se marier. Je fais le tour et contemple la vue depuis la terrasse.
Je redescend au niveau de la fontaine dont l’eau sacrée est censée disposer de vertus thérapeutiques et de bonne fortune. Un peu de monde attend devant la boutique de souvenir qui est également l’endroit pour faire faire son goshuin. C’est la deuxième occasion de la journée.
Honnêtement, j’ai fait ces visites au pas de course, et je ne recommande à personne. Mais j’étais content de retrouver ces lieux qui me semblent presque familiers.
Je rejoins le nord de Kyoto et ma famille d’accueil où je dîne avec mes hôtes.