Zazen est-il une forme de méditation ?
L’appellation courante de méditation pour parler de la pratique de zazen est elle appropriée ? Ou part-elle d’une généralisation et d’une association qui n’a pas lieu d’être ? Afin de comprendre cette controverse, nous allons tenter de définir le zazen, ainsi que la méditation et de tenter de déterminer ce qui les rassemble et ce qui les distingue.
1/ Qu’est-ce que le zazen ?
a) Tentative de définition du zazen
Basé sur les enseignements du Bouddha Shakyamuni, le zazen est une pratique adoptée depuis des siècles dans les temples zen. Les pratiquants s’assoient dans une posture calme et observent leur respiration et leurs pensées, en se concentrant sur l’instant présent.
Il est pratiqué par les moines et les non-moines dans les temples bouddhistes zen. Il est considéré comme l’une des pratiques fondamentales du bouddhisme zen soto.
Le zazen est un moyen d’obtenir un état de calme et de concentration qui permet aux pratiquants de mieux se connecter à leur véritable nature. En se recentrant sur soi-même et en se libérant des interférences extérieures, les pratiquants peuvent trouver une paix intérieure et une plus grande conscience de soi.
b) L’origine de zazen intimement liée à l’origine du zen.
Après son séjour en Inde, Bodhidharma s’installe au monastère de Shaolin, en Chine. Il y fonde conjointement une école d’arts martiaux et le mouvement chan qui évoluera en zen une fois arrivée au Japon.
Les documents concernant Bodhidharma sont relativement succincts. Il paraît donc difficile de dire que c’est lui qui a institué la pratique de zazen.
c) Le zen, c’est zazen !
Pour les enseignants de l’école soto, et notamment ceux de la lignée de Taisen Deshimaru, la pratique du zen s’identifie complètement à la pratique de zazen. En effet dans ce courant, pas de discussions interminables sur la signification des différents termes ni sur l’histoire du bouddhisme. La pratique prime. La compréhension suivra. Car la compréhension intellectuelle bloque l’intuition et l’accès à la connaissance.
d) Shikantaza – simplement s’asseoir !
C’est maître Dogen qui insiste sur cet aspect dans le Chôbôgenzô. Il explique que le zen consiste simplement à s’asseoir : shikantaza.
Pour cela, l’adepte méditant s’assoit dans une position stable et se concentre sur sa respiration, en essayant de laisser ses pensées s’envoler et de trouver l’apaisement. La posture la plus couramment utilisée est la posture du lotus ou du demi-lotus, qui consiste à croiser les jambes devant soi, et à placer les mains sur les cuisses, avec les paumes vers le haut.
Ceux pour qui la posture de lotus s’évère trop douloureuse peuvent pratiquer en posture de seiza, position assise, les fesses sur les talons. Pour ceux pour qui la posture de seiza n’est pas envisageable, il est possible de passer ses jambes sous un petit banc. En tout état de cause, le dos doit rester bien droit et les mains se rencontrent l’une sur l’autre au niveau du nombril. La posture est maintenue pendant que l’on s’efforce de garder les yeux ouverts et de se concentrer sur sa respiration et de laisser passer ses pensées.
Elle peut-être accompagnée d’un enseignement oral dispensé par le godo, qui laisse libre cours à ses pensées. Dans les temples zen, le zazen assis alterne avec une pratique méditative marchée, le kin-hin.
Comme toute pratique, toute description par les mots demeure partielle. Le meilleur moyen de savoir ce qu’est réellement zazen, c’est évidemment de l’expérimenter.
2/ Les buts et les objectifs de zazen
a) Atteindre l’illumination ?
Le zazen souvent est considéré comme le moyen pour atteindre l’illumination ou le nirvana ou l’éveil. C’est en tout de cette manière que le zen est souvent présenté en occident. Influencé en cela notamment par les travaux de D.T. Suzuki et ses Essais sur le bouddhisme zen qui ont fait découvrir le zen à l’occident. Avant que les premiers pratiquants ne viennent implanter les premiers specimens vivants et en répandre la pratique véritable.
C’est volontairement que je tenterai pas de définir les termes d’illumination, de nirvana ou d’éveil. Cela nous éloignerait de notre sujet.
b) Pratiquer selon un esprit mushotoku
Selon ces maîtres zen, dont Taisen Deshimaru, Zazen doit être pratiqué dans un esprit mushotoku. Ce qui signifie « sans but ni esprit de profit ». Le pratiquant de zazen ne doit donc rechercher aucun bénéfice particulier dans sa pratique. Comme on le fait souvent remarquer, la pratiquent atteint souvent une forme de détachement et de lâcher prise. Mais même ce lâcher prise ne peut pas être rechercher de manière consciente. Car dans ce cas, c’est le mental – duquel nous cherchons à nous détacher – qui va reprendre les commandes.
c) Penser du fond de la non-pensée.
Un autre a-priori concernant zazen consiste à croire qu’il s’agit d’une pratique visant à ne plus avoir de pensées. Ce qui est doublement en contresens avec la pratique de zazen. Car d’une part, comme le disait Taisen Deshimaru, il faut observer les pensées comme des nuages dans le ciel. Cela veut dire ne pas s’assimiler aux pensées qui nous traversent. Mais l’objectif n’est pas d’éradiquer les pensées. Ce qui serait parfaitement impossible. Le zazen consiste à penser depuis la conscience hishiryo, c’est-à-dire « penser du fond de la non-pensée ». Cette phrase, comme souvent dans le zen, peut laisser perplexe. Mais elle est essentielle pour comprendre le zen. Elle indique clairement qu’il y a un espace de pensée au-delà des pensées. Une partie de l’esprit d’où naissent toutes les pensées. Et c’est de cet espace qu’il faut penser.
d) Réaliser sa véritable nature
Nous avons tous la nature de Bouddha. C’est notre essence universelle. Non pas notre nature humaine, mais notre nature transcendante. Celle que nous ne pouvons pas connaître. Ce n’est qu’en abandonnant tout désir et toute pensée, et en laissant entrer la vacuité, que nous nous reconnectons à ce que nous sommes réellement.
2/ Qu’est-ce que la méditation ?
a) Brève définition de la méditation
La méditation est une pratique visant à développer la concentration et la conscience de soi. Le plus souvent, elle consiste à s’asseoir pour se concentrer sur des pensées, des sentiments ou des sensations, en essayant de développer une attitude d’acceptation et de non-jugement. Elle peut conduire à un état de calme mental et de relaxation physique. La méditation permet de s’ouvrir à l’expérience émotionnelle et spirituelle et permet de cultiver un état de calme et de conscience intérieure. Elle peut également comprendre des exercices de respiration et de relaxation.
La méditation peut être très bénéfique pour ceux qui la pratiquent. Elle peut aider à se sentir plus calme et plus centré, et à mieux comprendre les pensées et les émotions. Elle peut également aider à réduire le stress et la dépression, et à développer la concentration et la clarté mentale.
La méditation est une pratique plus vaste est moins bien définie que le zazen. Elle comprend des techniques plus variées et s’adapte à différentes pratiques spirituelles. Elle peut se pratiquer à l’intérieur ou à l’extérieur, et peut inclure des exercices de visualisation, de respiration et de méditation guidée.
b) Les origines de la méditation
La méditation est une pratique qui remonte à des milliers d’années. Ses origines remontent donc à une date bien antérieure au zazen proprement dit. Elle a été développée et utilisée par de nombreuses cultures et religions à travers le monde, notamment l’Inde et la Chine. Les premières traces de méditation remontent à l’Inde ancienne, où elle était utilisée pour atteindre un état méditatif et pour atteindre le nirvana. La méditation a ensuite été adoptée par d’autres cultures, notamment la Chine et le Japon, et a évolué pour inclure des techniques plus modernes telles que la méditation de pleine conscience et le yoga.
c) Les différentes formes de méditation
Il existe de nombreuses formes de méditation, notamment la méditation de pleine conscience, la méditation de visualisation, la méditation de concentration, la méditation dynamique, la méditation transcendantale, la méditation Zen, la méditation Vipassana et la méditation Kundalini. Chaque forme de méditation peut être pratiquée de différentes manières et avec des buts différents. La pratique consiste généralement à s’asseoir dans une position confortable, à fermer les yeux et à respirer profondément. La pratique peut prendre quelques minutes ou plusieurs heures.
Pendant la méditation, l’adepte peut se concentrer sur une pensée ou un mantra, ou se laisser aller à la contemplation, ce qui n’est pas le cas pour zazen.
d) Quels sont les objectifs de la méditation ?
Les objectifs de la méditation peuvent être divers et variés et dépendent du type de méditation pratiquée. Il peut s’agir de :
- Augmenter la capacité à être conscient et à observer ses pensées et ses émotions.
- Apprendre à développer une attitude de non-jugement et de bienveillance envers soi-même et les autres.
- Développer et cultiver l’attention, la concentration et la présence.
- Trouver un état de calme et de relaxation physique et mental.
- Augmenter le niveau d’énergie et le bien-être général.
- Découvrir et développer une meilleure connexion avec son esprit, son corps et le monde qui l’entoure.
- Apprendre à mieux gérer le stress et à mieux se concentrer.
- Cultiver une attitude plus positive et plus ouverte face à la vie.
- Développer des compétences pour mieux répondre aux défis et aux difficultés de la vie.
3/ Le zazen est-il une forme de méditation ?
La méditation comporte évidemment des points communs avec le zazen. Mais qu’est-ce qui rend le zazen si spécial et différent des autres formes de méditation ? Le zazen est une forme de méditation basée sur l’observation de soi et sur l’acceptation de ce qui est. Lorsque les pratiquants s’assoient en position assise, ils se concentrent sur leur respiration et leur posture. La respiration est la clé pour entrer dans un état de conscience plus profond et plus calme.
Lorsque les pratiquants atteignent ce niveau de conscience, ils peuvent commencer à remarquer leurs pensées et à s’en détacher.
Les pratiquants peuvent utiliser les techniques de méditation pour se connecter à un état de conscience plus profond et plus calme, et le zazen peut leur aider à observer et à accepter ce qui est.
Comment le zazen et la méditation sont-ils différents ?
Le zazen est très différent des autres formes de méditation, car il se concentre sur l’observation de soi et l’acceptation de ce qui est. Il n’y a pas de visualisation, de mantras ou d’autres techniques comme dans d’autres formes de méditation. Au lieu de cela, les pratiquants se concentrent sur leur posture et leur respiration.
Pour certains pratiquants et enseignants, et notamment pour maître Isshô Fujita de la lignée de Kodo Sawaki, il serait impropre de parler de méditation pour parler de zazen.
En fait, les différences de point de vue se focalisent clairement sur les différences d’objectifs, plus que sur les formes sous lesquelles elles sont pratiquées. Le zazen se caractérise par un engagement total. Il doit revêtir pour le pratiquant une importance capitale. Et sa pratique doit devenir vitale pour lui. C’est la manière dont il s’y engage corps et âme qui le distingue de la pratique de la méditation. Cela n’a au fond rien à voir avec la forme, ou la posture, ou même ce qui est enseigné.
Méditation zen est le terme couramment employé dans la plupart des écoles de zen pour désigner le zazen. Elle peut paraître réductrice. Car elle ne couvre qu’en partie la profondeur de ce que représente le zazen. Mais comme tout mot, il est forcément réducteur. Ce n’est encore une fois que par la pratique que l’on peut goûter réellement à la saveur du zen.
La méditation et le zazen sont donc des pratiques spirituelles similaires, mais leurs méthodes et leurs applications diffèrent quant à leurs objectifs. Le zazen est spécifique aux temples bouddhistes zen et se concentre sur la concentration et l’observation du moment présent. La méditation est plus large et s’adapte à différentes pratiques spirituelles. Elle peut inclure des exercices de visualisation et de respiration, ainsi que le zazen.
Et vous, est-ce que vous trouvez pertinent de parler de méditation pour le zazen ? Où est-ce que cela risque de créer la confusion ?