Carnet de voyage

Excursion au Mont Koya

Voici la suite du récit de mon séjour au Japon à l’automne 2018. Je relate ici mon excursion à Koya-san, à savoir le Mont Koya où j’ai passé un jour et deux nuits du samedi 10 novembre, au lundi 12 novembre. C’est un complexe de temples bouddhistes créé par le moine Kûkai et perdu au cœur des montagnes dans la péninsule de Kii, dans la préfecture de Wakayama. Il est situé au sud et à quelques heures de train de Kyoto.

Samedi 10 novembre 2018

Petit déjeuner au Kyoto City Hôtel

Je me réveille dans cette charmante petite chambre traditionnelle du Kyoto City Hôtel, sur Horikawa, au niveau de Shiramine Jungu. Et la première chose que je fais est d’aller prendre un bain, comme j’en ai maintenant pris l’habitude.

Puis je déjeune au restaurant situé au deuxième étage. Je me sers quelques garnitures, puis je vais m’asseoir près de la fenêtre. Une serveuse m’amène le restant de mon petit-déjeuner sur un plateau : soupe miso, tofu dans une sorte de sauce Shoyu, quelques tsukemono de choux et umeboshi, une tranche de poisson avec deux lamelles d’omelette, et quelques légumes et bonite séchées pour accompagner le riz. Tout ce qu’il y a de plus traditionnel.

Ce n’est pas la faim, mais une sorte de gourmandise, qui me pousse à aller me servir quelques viennoiseries supplémentaires, ainsi qu’un jus d’orange et un café. Ces goûts me manqueraient-ils un peu, sans que je veuille franchement me l’avouer ? Il faut dire que j’entame ma 6e semaine au Japon. Et même si la nourriture japonaise me convient, je pense que j’éprouve une sorte de nostalgie pour ces goûts occidentaux.

En route vers le Mont Koya.

Je pars vers 8h30 pour prendre le bus jusqu’à la gare de Kyoto. Je n’ai que mon petit sac à dos. Le reste de mes bagages étant restés chez ma famille d’accueil. Et je me sens plus léger. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis repassé par Kyoto, après mon séjour sur Shikoku. Je ne voulais pas me trimballer tous mes bagages dans mon périple dans le Yamato puis dans la préfecture de Wakayama.

J’arrive dans le grand hall de la gare de Kyoto, il va maintenant falloir que je me décide. Il existe deux itinéraires pour aller au Mont Koya. Le premier est le plus direct, mais il ne fait pas partie du réseau JR, car il appartient au réseau Nankai. De plus, il est au départ d’Osaka. Je préfère rentabiliser au maximum mon rail pass, et économiser, même si ça me prend un peu plus de temps. J’irai jusqu’à Hashimoto, en passant par Nara, puis de là, je rejoindrai Gokurakubashi pour terminer par une petite portion de la ligne Nankai, comme l’explique la page dédiée au Mont Koya du JR pass. Je prends le train de 10h00 pour Nara. Là, je change et je prends le train pour Oji.

Visite du complexe du temple de Hôryûji.

Comme le train passe par Hôryûji, je décide de m’arrêter pour visiter le temple. C’est l’un des grands temples cités dans la méthode ASSIMIL concernant Nara.

Et je suis curieux de voir enfin à quoi il ressemble.

À la gare, toute une flopée d’employés accueillent les touristes et leur indiquent le chemin pour aller au temple. Il n’est pas possible de se tromper. Le bureau d’information m’annonce une demi-heure de trajet pour s’y rendre à pieds, sinon il est possible de prendre un bus. J’ai le temps et j’ai envie de marcher. J’emprunte une grande route assez passante, puis bifurque en suivant le plan qui m’a été laissé.

J’aborde ainsi le temple par une allée bordée de cyprès, et ne croise qu’un couple d’occidentaux qui a également suivi le même chemin que moi. Les bus et les cars arrivent par un autre chemin, et c’est tant mieux.

Le temple Hôryû-ji

Je pénètre dans le complexe du temple, puis arrive au bâtiment principal, et m’acquitte de mon obole. L’ensemble des bâtiments du Hôryû-ji (法隆寺) sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils datent du VIIe et VIIIe siècle et sont considérés comme l’un des plus anciens bâtiments construit en bois répertorié dans le monde. Je rentre dans la première cour, qui abrite une pagode de cinq étages, le Kondô, la salle d’or. Le sol en gravillons crisse. Des statues sacrées sont exposées dans des niches sur les côtés du Kondô, puis je rejoins la salle d’étude et de lecture.

Après avoir fait le tour de cette première enceinte par une sorte de passage abrité, je rejoins ensuite le Shôruôin où je fais établir mon Goshuin, ce certificat calligraphié remis aux pèlerins de chaque temple.

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Puis je visite plutôt au pas de course le Musée des Trésors. Ces derniers sont des reliques sacrées, et de superbes statues en bois.

Je traverse une grande allée pavée, entourée de murs avant de rejoindre le troisième temple : le denshôdô (伝法堂) qui se trouve à l’extrémité de l’enceinte et abrite une sorte de pavillon octogonal le Yumeden (夢殿) littéralement le palais des rêves.

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La visite du Hôryû-ji se termine et je reprends le chemin du retour toujours à pieds. Je m’arrête à une petite échoppe qui vend des takoyakis. Ce sont des petites boulettes de poulpe grillé enveloppé dans une sorte de pâte à crêpe, le tout garnis de petites lamelles de bonites séchées qui se tortillent avec la chaleur. Une boite de 6 ne coûte que 300 Yens, et je les mange assis à une petite table juste devant la boutique.

Je reprends le train pour le Mont Koya

Je rejoins la gare et prends le train de 13h58. Changement à Oji pour le train de 14h10 direction Takeda, où je change de nouveau pour Hashimoto. Là, je prends un petit train pour Gokurakubashi. Il commence à monter dans la montagne, et s’arrête dans toutes les gares pour laisser passer les trains descendants du Mont Koya qui sont blindés. Je repère deux japonaises âgées qui ont l’air de prendre plaisir à cette excursion. Elles me font un petit salut amical.

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À la gare de Gokurokubashi, tout le monde est aiguillé vers un funiculaire qui escalade une pente particulièrement raide, pour nous conduire au Mont Koya. Là, un employé nous demande où nous sommes hébergés et nous aiguille sur un bus. J’arrive au temple à la tombée de la nuit. Mais réalise quelques clichés de l’entrée du temple avant qu’il ne fasse complètement nuit.

Hébergement dans un temple : le Sekishoin

L’accueil de ce shukubo, littéralement logement dans un temple, est plutôt froid et commercial. Je suis reçu dans une petite pièce encombrée de nombreux papiers et documents. J’ai l’impression désagréable de déranger. On me fait sentir que c’est une faveur d’être hébergé dans un temple. Sur le moment cela ne m’avait pas frappé, mais avec le recul, je me rends compte de la froideur de l’accueil. il n’était pas super convivial.

Je parcours de grands couloirs ornés de statues de Bouddha et de grands mandalas. Puis j’arrive à la chambre 24 au troisième étage ! J’ai à peine le temps de poser mon sac, puisque le dîner est servi à 17h30. Ce sont de petits plats végétarien, suivant la tradition du Shojin Ryôri, qui pourrait se traduire par nourriture de purification, nourriture de dévotion, ou nourriture pour l’élévation spirituelle. Elle a été rendue obligatoire par un édit de l’empereur Tenmû en 675, interdisant aux moines de manger de la viande.

Shojin Ryôri au Sekisho-in

Une personne du service m’explique le détail des plats, une soupe, des tempuras, des imitations de sashimi avec de la gelée et des tranches de konnyaku, du gomadofu,ce tofu de sésame au goût et à la consistante très particulière, quelques légumes marinés dans lesquels je crois reconnaître du daikon, ainsi qu’une clémentine.

Il répète ensuite la même explication à tous les convives. Et il y a beaucoup de monde. Ce qui pourrait expliquer sa lassitude. Je suis un des rares individuels car il y a plusieurs groupes.

Le Mont Koya de nuit.

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Puis je vais faire une courte promenade de nuit. Mais les rues sont tellement désertes que je rentre rapidement me coucher dans ma chambre traditionnelle, avec un peu de chauffage au fuel. Après avoir enfilé ma tenue de samu orange, qui n’est pas vraiment un yukata et je vais me coucher après avoir pris une petite douche et un bain dans le sento du temple, où j’étais tout seul…

J’apprendrais par la suite que très peu de moines sont présents dans ce temple. L’ensemble du service étant assuré par des employés. Et malgré le côté agréable et typique du lieu, je me rappelle mon premier séjour au Japon en 1994. J’avais été hébergé là aussi dans un temple à Kyoto, mais nous étions à l’époque les seuls étrangers présents.

Que les temps sont changés, sitôt que de ce jour

La trompette sacrée annonçait le retour ,

Du temple, orné partout de festons magnifiques,

Le peuple saint en foule, inondait les portiques.

[Athalie – Racine – Acte I – scène 1]

 

Dimanche 11 novembre 2018

Visite du Mont Koya.

Je me lève et je tente d’aller me doucher, mais les douches et les sentos sont fermés. Un des membres du personnel me fait signe que je peux y aller quand même et je vais prendre ma douche et mon bain.

Je rejoins la salle de méditation, où tout le monde est rassemblé pour l’Otsutome. Cela consiste principalement en la récitation des soutras par les trois ou quatre moines présents habillés en kesa orangé. Puis un des moines convie l’aimable assistance à aller brûler de l’encens sur les trois ou quatre autels disséminés dans la salle.

7h30 – Nous enchaînons directement sur le petit-déjeuner, qui est servi dans la même grande salle et dans les mêmes conditions.

Pélerinage de l’Okunoin.

J’entame ma visite du Mont Koya sous un superbe soleil et me dirige vers l’entrée de l’Okunoin. C’est l’endroit où Kobo Daïshi Kûkaï, le fondateur du Mont Koya est enterré. Et la légende dit qu’il est rentré dans l’éternel pendant une méditation, entrant ainsi directement en sainteté.

L’Ichi-no-hashi, littéralement le premier pont marque le début de la promenade au milieu des tombes, qui mène à la tombe de Kobo Daishi Kûkai (774-835). Cette promenade est bordée d’immenses cèdres du Japon et de 200 000 tombes et mesure pas loin de 2 kilomètres.

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Je rencontre des pèlerins ainsi que les deux japonaises âgées que j’ai croisées dans le train la veille au soir.

Il existe de nombreuses légendes sur le Mont Koya. Vous trouverez les 5 histoires les plus effrayantes dans cet article.

Mes premiers kôyôs et visite du Kongobu-ji

Je repasse devant mon shukubo, et m’arrête devant le Keikô-in situé presque en face. J’y photographie mes premiers kôyôs (érables roux) en compagnie d’autres touristes et photographes.

Momiji à l'Ekoin - Mont Koya
Momiji à l’Ekoin – Mont Koya

Compte-tenu de l’affluence dans les quelques rares restaurants de la ville, je mange un nikuman dans une petite épicerie. Je prends aussi une sorte de mini-nikuman froid qui contient en fait de la pâte de haricots rouges.

Puis, je remonte la rue principale et passe devant le Jofuku-in et sa pagode colorée.

La pagode colorée du Jofukuin – Mont Koya

J’arrive au niveau du Kongobu-ji. Comme l’explique le panneau : « Le moine Kakuban (1095 – 1143) reçu de l’empereur Toba l’autorisation de construire un temple sur le site actuel du Kongobu-in en 1131. Plus tard, en Toyotomi Hideyoshi demanda au moine Ogo de construire un temple sur cet emplacement pour le repos de sa mère. Le temple fut ensuite nommé Seigan-ji et devint la résidence d’Ogo. Avant de devenir la résidence de Hoin, le temple a été détruit deux ou trois fois par le feu. Le bâtiment principal fut reconstruit en 1868, et prit le nom actuel de Kongobu-ji. La porte du Kongobu-ji est le plus ancien bâtiment du Mont Koya et fut édifié en 1593 ».

Le Kongobu-ji contient le jardin sec intérieur, le plus grand du Japon, et surtout celui qui contient le plus de pierres. Ses cent quarante pierres de granit suggèrent une paire de dragons émergents des nuages pour protéger le temple. Car il est bien connu que les dragons, qui soufflent le feu, ont le pouvoir de protéger les temples du feu.

Le jardin sec du Kongobu-ji – Mont Koya

Porte du milieu et le superbe Danjo Garan

À l’entrée d’un autre temple, un petit stand vent des rouleaux de sushis, enveloppé dans une algue qui ressemble à des kombus.

Je me fais confirmer l’existence du bus qui traverse les montagnes de Kumano au syndicat d’initiative. Heureusement que je peux leur montrer le papier. Le seul bus est le lendemain vers 9h50. Mais il faut appeler pour réserver. Je leur fais savoir que je ne peux pas appeler. Ils appellent devant moi et réservent le bus.

Je remonte ensuite jusqu’à la porte du milieu. La porte originelle fut détruite et reconstruite plusieurs fois. Sa dernière destruction par le feu datait de 1843 et ne fut pas reconstruite avant 2015, date anniversaire des 1200 ans du Mont Koya. C’est donc une porte toute neuve que je peux admirer.

La porte donne ensuite sur le Kondo et le magnifique Danjo Garan. C’est le point central du Mont Koya, aussi bien en terme géographique, que d’importance, que d’intérêt. C’est le premier bâtiment construit par Kûkaï, et c’est là que se déroulent toutes les cérémonies importantes.

Danjo-Garan – Mont Koya

Je croise une séance photo au niveau d’un temple (très certainement le Sainanin). Une jeune japonaise en kimono pose pour un photographe sous des érables rouges. Je prends moi aussi quelques photos, après avoir demandé l’autorisation.

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La première porte et « l’entrée » du Mont Koya.

Puis je remonte vers la première porte qui marque l’entrée du Mont Koya. Le soleil se reflète sur les arbres et offre une superbe lumière.

Première porte et « entrée » du Mont Koya

Quelques makizushi acheté à un combini constituent mon deuxième petit en-cas, que je consomme assis sur un banc, devant le supermarché.

Le soleil qui commence à descendre offre une superbe lumière sur le Danjo Garan. Une petite allée piétonne, la Jabara-michi conduit à la pagode Tôtô, puis rejoint la grande rue centrale.

Je remonte jusqu’au Kongosanmai-in, mais le prix de l’entrée 500 Yens et l’heure tardive m’en dissuadent.

Je passe devant une boutique qui vend des petits mochis, dont des kurumi mochis, et je m’en achète deux ou trois.

Marchande de Mochis au Mont Koya

Dernière soirée au Mont Koya.

Quand je retourne au temple Sekisho-in et que je demande ma clé, le réceptionniste ne la trouve pas. Puis toujours aussi aimable me dit que je n’ai réservé que pour une nuit. Je lui dis le contraire. Il va voir dans ses papiers et me confirme qu’effectivement, j’ai payé pour deux nuits. Il m’accompagne jusqu’à ma chambre, qui est ouverte, avec mes affaires en libre-service, et la clé posée sur la table. Heureusement qu’il n’y a pas de voleurs au Japon, et encore moins dans un temple. Mais quand même, je n’apprécie pas trop la surprise. Le réceptionniste semble à peine s’excuser. Et je ne veux pas insister sur cette méprise, ne sachant pas trop de qui ni d’où elle vient. Je retrouve donc ma chambre 24 au 3e étage du bâtiment…

Je me change et déguste mes trois petits mochis avec du thé, avant d’aller dîner.

17h30 – Je dîne du même repas que la veille dont je ne referais pas le détail.

Je retourne à l’Okunoin pour faire toute une série de photographies de nuit.

Puis vais me coucher vers 21 heures, après avoir pris un dernier bain.

Alors, que penser du Mont Koya ?

Comme toujours, il est difficile de retranscrire toutes les sensations et les émotions que l’on peut éprouver au Japon. Cependant, mon bilan de cette excursion au Mont Koya est en demi-teinte. Il ne faut clairement pas s’attendre à une retraite dans un temple perdu au milieu de la montagne, en compagnie de moines bouddhistes qui vont vous enseigner les rudiments de la voie. Mais le lieu et les différents temples ont cependant un charme certain, notamment le Danjo Garan. La montée à pieds de l’Okunoin vaut à elle seule le voyage. Même si certains touristes prennent un raccourci en car et débarque presque à la moitié du parcours. Par contre vous n’éviterez pas la foule, comme dans presque tous les lieux touristiques, à moins peut-être d’y venir en plein hiver.

Et vous, avez-vous visité le mont Koya ? Qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à laisser vos témoignages dans les commentaires.

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2 commentaires

  • Taketo

    Cher Christophe san,
    Bravo, le récit ! Les diapositives disposés partoup sont intéressants et très jolis. Je vais le lire attentivement après. Et je me référerai à ce récit pour mon travail de guide prochain. Je suis content de tes passions sur le Japon. Merci mille fois ! Prends bien soin de toi. Bisous.

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